Vocal orchestra : Trois poèmes de Stéphane Mallarmé

Maurice Ravel. Trois poèmes de Stéphane Mallarmé op.64

Ensemble Intercontemporain.
Nora Gubisch Soprano
Dir.Alain Altinoglu

Trois poèmes de Stéphane Mallarmé

Three songs by Ravel (written in 1913), to texts by Mallarmé, one of his favourite poets. (He had previously set the song Sainte in 1896.) It was a strange coincidence that Debussy also wrote settings of three Mallarmé poems at exactly the same time, selecting two of the same poems as Ravel: Soupir and Placet futile. The first performance was given to the Société Musicale Indépendante in Paris (14.i.1914) by Jane Bathori with the conductor D.-E. Inghelbrecht. The songs are dedicated as follows:

I. Soupir to Igor Stravinsky
II. Placet futile to Florent Schmitt
III. Surgi de la croupe et du bond to Erik Satie

The accompaniment is scored for piccolo, flute, clarinet, bass clarinet, string quartet, and piano – the same forces as required for Stravinsky’s Three Japanese lyrics with which the Mallarmé settings were first performed.

1)Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur!
— Vers l’azur attendri d’octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se trainer le soleil jaune d’un long rayon.

2)Princesse! à jalouser le destin d’une Hébé
Qui point sur cette tasse au baiser de vos lèvres;
J’use mes feux mais n’ai rang discret que d’abbé
Et ne figurerai même nu sur le Sèvres.

Comme je ne suis pas ton bichon embarbé
Ni la pastille ni du rouge, ni jeux mièvres
Et que sur moi je sens ton regard clos tombé
Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres!

Nommez-nous… toi de qui tant de ris framboisés
Se joignent en troupeau d’agneaux apprivoisés
Chez tous broutant les voeux et bêlant aux délires,

Nommez-nous… pour qu’Amour ailé d’un éventail
M’y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail,
Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

3)Surgi de la croupe et du bond
D’une verrerie éphémère
Sans fleurir la veillée amère
Le col ignoré s’interrompt.

Je crois bien que deux bouches n’ont
Bu, ni son amant ni ma mère,
Jamais à la même chimère,
Moi, sylphe de ce froid plafond!

Le pur vase d’aucun breuvage
Que l’inexhaustible veuvage
Agonise mais ne consent,

Naïf baiser des plus funèbres!
À rien expirer annonçant
Une rose dans les ténèbres.